Enseigner le français est une véritable passion pour nos professeurs de l’IEF. En effet, l’ensemble de notre équipe pédagogique exerce son métier avec motivation, entrain, bonne humeur et en ayant toujours pour objectif d’apporter aux étudiants un cours de qualité qui correspond à leur niveau, leurs centres d’intérêt et à leurs objectifs. Un métier enrichissant à tous les niveaux que Carole, professeure de l’IEF, va nous partager!
Rencontre avec Carole, professeure de FLE
Comment est venu ton désir de devenir professeur de FLE ?
Mon rêve depuis toute petite était de parcourir le monde, de découvrir de nouvelles cultures et de faire partager la mienne. J’ai donc décidé de faire des études de langues à l’université pour trouver un travail qui me permettrait de voyager.
Au début des années 90, je suis partie dans un lycée anglophone comme assistante de français. Cette première expérience m’a donné le goût de l’enseignement mais j’ai vraiment compris que je voulais faire ce métier cinq ans plus tard lorsque j’ai donné des cours de français en tant que lectrice à l’université de Cork en Irlande.
Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?
Mon parcours est assez atypique comme celui de beaucoup de professeurs de FLE et avant d’entamer une réelle carrière dans ce domaine, j’ai eu des expériences professionnelles diverses dans le secteur du commerce, du tourisme et de l’art dans différents pays du monde.
C’est grâce à mes études d’anglais que je suis devenue professeur de FLE. En effet, alors que je préparais l’agrégation d’anglais, j’ai saisi l’opportunité de partir comme lectrice de français à l’université de Cork. Le contact avec les étudiants ainsi que mon intérêt grandissant pour l’enseignement de la langue et de la culture françaises ont été les facteurs qui m’ont encouragée à suivre cette voie. C’est ainsi que deux ans plus tard, j’ai repris mes études par correspondance pour obtenir un Master FLE.
Après avoir enseigné au Mexique, en Irlande et en Espagne, j’ai décidé il y a dix ans de m’installer à Montpellier, ville cosmopolite tournée vers l’international. Outre mes activités d’enseignement, je participe régulièrement en tant qu’examinatrice/correctrice aux sessions DELF DALF de Montpellier et je conçois des sujets d’examen à France Education International.
Enseigner le français à l’IEF
Comment se passent les cours à l’IEF ?
L’IEF propose des cours très variés. La majorité des étudiants suit des cours le matin et des ateliers à thèmes deux midis par semaine.
Des cours de pratique de l’oral, des cours particuliers adaptés aux besoins spécifiques de l’étudiant ou des préparations aux examens du DELF et du DALF se déroulent l’après-midi.
Sur quelle pédagogie t’appuies-tu pour faire cours ? Quelle méthodologie utilises-tu dans ta classe ?
Ma méthode d’enseignement s’apparente à celle de la classe inversée. Je demande en effet à mes étudiants de consacrer du temps en dehors de la classe à pratiquer des activités qui peuvent se faire seul tels que les compréhensions écrites, les compréhensions orales, les productions écrites et les exercices de grammaire. Si je prends l’exemple d’une compréhension écrite faite à la maison, elle sera le point de départ d’autres activités en classe. Elles pourront être grammaticales, lexicales et culturelles et pourront déclencher des interventions orales. Par la suite le thème choisi sera développé à travers des activités qui demanderont aux étudiants une réelle implication et une tâche spécifique à accomplir comme choisir un Airbnb ou présenter les résultats d’un sondage fait auprès des Montpelliérains.
La perspective actionnelle est par conséquent très importante car elle permet à l’apprenant de communiquer et d’effectuer des tâches qui sont proches de la réalité quotidienne ou qui sont, pour les niveaux les plus avancés, toujours en lien avec l’actualité et font appel à l’expérience et à la connaissance des étudiants.
A cet égard, la ville de Montpellier et ses événements sont un formidable terrain de jeu que j’utilise régulièrement pour mes cours. Rien de tel que des activités d’observation au jardin des plantes et au musée ou d’interaction avec les Français au marché pour faire briller les yeux des étudiants !


Comment prépares-tu tes cours ? Quels supports utilises-tu ?
Comme je change régulièrement de niveaux et d’étudiants, chaque classe est un nouveau défi pour moi. C’est pourquoi je revois à chaque fois une nouvelle manière de présenter mon cours et je cherche de nouveaux supports pédagogiques que je glane dans ma vie quotidienne pour rendre la classe encore plus intéressante. La routine n’existe pas, chaque jour nous réserve des surprises et c’est ce qui rend ce métier passionnant.
J’utilise de nombreux supports authentiques pour concevoir mes activités (journaux, magazines, reportages, émissions de télé et de radio, journaux télévisés, films, extraits de romans, documents locaux…). Internet est également un outil incontournable grâce auquel on peut exploiter de nombreux documents dont certains élaborés pour nous les professeurs de FLE (TV5 Monde, RFI…).
Et bien sûr, comme je l’ai expliqué précédemment, Montpellier en tant que lieu est également un support de choix pour un cours !
Comment se déroulent tes cours ? Comment fais-tu pour que chaque étudiant progresse au sein de ta classe et atteigne son objectif ?
Comme tous les professeurs à l’IEF, j’annonce au début de chaque semaine les objectifs du cours. Ce sont donc des objectifs communs à tous mais qu’il faut pouvoir adapter à chaque étudiant. Pour cela, il faut être à l’écoute et il faut réussir à cerner le profil de chacun afin d’apporter une aide personnalisée. Il peut s’agir de travail supplémentaire donné à la demande de l’étudiant ou de conseils prodigués tout au long de l’apprentissage de chacun.


Comment procèdes-tu pour que règne une ambiance agréable dans un groupe où chacun arrive avec ses bagages culturels et linguistiques ?
L’ambiance de classe est primordiale, d’autant qu’il y a régulièrement des départs et des arrivées d’étudiants. Chaque étudiant est unique et il peut parfois être difficile pour certains de s’intégrer à un groupe. C’est la raison pour laquelle je commence régulièrement le cours du lundi par une activité brise-glace où les étudiants vont se poser des questions, apprendre à se connaître et à échanger dès la première heure de classe. Une mise en commun des informations récoltées pendant cette séance est ensuite un moyen de réunir la classe et de commencer le cours dans de bonnes conditions. Les activités qui s’ensuivent font souvent appel à la collaboration qui resserrent les liens entre les étudiants.
Enseigner le français en ligne
Compte tenu de la situation actuelle, ces derniers mois, tu as exercé ta profession en ligne. Comment se déroulent les cours en ligne ? Comment sont-ils organisés ? Quelles sont les compétences travaillées ?
Au niveau des compétences travaillées, ce sont les mêmes que celles en présentiel c’est-à-dire les compréhensions écrite et orale ainsi que les productions écrite et orale. Cependant, elles sont distribuées de manière différente en ligne, c’est-à-dire qu’il y a deux temps en face à face et un temps en autonomie. Le premier temps qui se déroule en visioconférence entre le professeur et le groupe permet d’avoir un premier échange sur le thème du jour pendant lequel les étudiants vont prendre connaissance du lexique, du contexte culturel et des outils syntaxiques qui leur permettront d’effectuer sereinement les activités en autonomie. La deuxième période dure une heure et chaque étudiant travaillant seul peut avancer à son rythme.
Le troisième et dernier temps permet de faire un point sur ce qui a été fait et de le pratiquer à l’oral en groupe de deux ou trois pour avoir l’occasion de mettre à profit ce qui a été appris.
Selon toi, quelles sont les différences entre un cours en présentiel et un cours en ligne ? Prépares-tu tes cours d’une autre manière ?
Bien que les objectifs soient les mêmes, la manière de travailler et d’apprendre diffère car l’étudiant a plus de temps en autonomie. Comme je l’ai précisé précédemment, cela lui permet d’avancer à son rythme sans que cela n’entrave la progression d’autres étudiants.
Bien que le contenu des cours soit sensiblement le même, la partie interaction est différente. Je demande souvent aux étudiants de préparer en devoir des présentations pour le lendemain qu’ils partageront avec les autres en petit groupe. Cela les amène à réfléchir au sujet et à être mieux préparés à l’interaction.
Les activités de terrain ne peuvent être mises en place en ligne mais je réfléchis à la manière dont je pourrais organiser des activités interactives avec des Français qui interviendraient pendant le cours en ligne.


Comment réussis-tu à créer une ambiance de classe en ligne ? L’ambiance de classe est-elle différente de celle qui peut s’installer en présentiel ?
L’ambiance de classe en ligne et en présentiel peut être différente car comme je l’ai souligné précédemment, les étudiants en présentiel se retrouvent souvent en dehors de la classe et apprennent à mieux se connaître dans ces moments-là.
Cependant, je remarque que l’ambiance de classe en ligne est bonne. Les moyens techniques ne permettent pas toujours la même spontanéité car les étudiants sont souvent obligés de couper leur micro quand ils n’interviennent pas et c’est la raison pour laquelle je les fais travailler en petits groupes afin qu’ils aient l’opportunité de communiquer plus librement et de mieux se connaître.
Il est également important de consacrer quelques minutes en début de cours par de petites conversations qui détendent l’atmosphère et qui permettent d’en apprendre un peu plus sur chacun. Je profite de ce moment pour corriger ou revoir des petits points syntaxiques ou lexicaux utiles à tous.
Peux-tu suivre les progrès de tes étudiants de la même manière en ligne ? Les étudiants progressent-ils aussi bien qu’en présentiel ?
Il est tout à fait possible de suivre les progrès en ligne grâce aux devoirs qui sont donnés et corrigés tous les jours ainsi qu’à l’évaluation de fin de semaine. De plus, les nombreuses activités proposées sur la plateforme KLF sont un bon indicateur de progression autant pour le professeur que pour l’étudiant.
Je dirais que les étudiants progressent différemment en ligne et en présentiel. J’ai remarqué que les étudiants maîtrisaient mieux la compétence écrite en ligne car ils y passent plus de temps et grâce aux activités riches et variées de la plateforme KLF, ils peuvent voir ou revoir les points syntaxiques ou lexicaux qui leur posent problème.
En étant quotidiennement en contact avec la langue, il est naturel que les étudiants en présentiel soient plus à l’aise à l’oral et prennent de l’assurance après quelques jours à Montpellier.
Merci Carole pour ce partage !